De quelle manière les politiques peuvent-elles influencer  le développement des modèles d’affaires durables et vertueux ?

De quelle manière les politiques peuvent-elles influencer  le développement des modèles d’affaires durables et vertueux ?

En cette période électorale, pendant que les candidats se préparent activement, rivalisent d’ardeur et s’apprêtent à déployer des grands moyens pour séduire les électeurs, l’effervescence est palpable sur l’ensemble du territoire malgache. 

Les personnes en âge de voter et intéressées (encore) par la vie politique s’impatientent pour suivre de près les campagnes électorales, scrutant les promesses des candidats dans l’espoir qu’un des treize (13) candidats en lice saura  répondre à leur aspiration et de concrétiser ses promesses par des actions concrètes et tangibles pour le développement durable de Madagascar.

Dans ce contexte politique en pleine effervescence, pourquoi n’examinons-nous pas la manière dont les politiques  peuvent et devraient influencer le développement de modèles d’affaires durables et vertueux à Madagascar ? Quelles visions les candidats ont-ils du rôle du secteur privé dans l’atteinte des objectifs du développement durable ? La durabilité et la responsabilité sociétale de l’entreprise font-elles ppartie de cette vision ? Quelles sont les attentes du secteur privé et son influence sur le processus politique ?   

À quelques semaines de lélection présidentielle : quels enjeux économiques pour un développement durable ? 

Selon la Banque Mondiale, Madagascar est un des pays qui affiche un taux de pauvreté le plus élevé à l’échelle mondiale. En 2023, Madagascar occupe le 5e rang du classement des pays qui produisent le moins de richesse par habitant avec 539 dollars de PIB par habitant. 

Parlant de développement durable, le rapport sur le développement durable 2023 des Nations Unies, place Madagascar au rang de 156ème place sur 166 pays avec un score de 50,25 sur 100 en termes d’avancées dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD). Le constat est amer cela même que plusieurs progrès sont notés.  

Cette réalité est d’autant plus troublante dans un pays à fort potentiel humain où l’importance de son capital naturel n’est plus à démontrer. Ce qui soulève la question quant aux véritables obstacles au développement du pays. Ces chiffres susmentionnés, mettent en lumière la nécessité pressante de réformer le système de gouvernance, d’engager une transformation structurelle et de mettre en place des politiques économiques efficaces permettant à la fois de surmonter les défis tout en saisissant les opportunités de croissance qu’offre le pays.  

Et l’élection présidentielle qui se profile revêt d’une importance capitale et présente une occasion cruciale de redéfinir une vision économique ambitieuse et pragmatique, tout en promouvant des réformes systémiques visant la participation active de toutes les parties prenantes dont le secteur privé, élément essentiel au développement prospère, inclusive et durable du pays. 

Le secteur privé figure parmi les acteurs clés pour la création d’emplois, la croissance économique et ce faisant dans la réalisation des ODD. Cependant, il est crucial de noter qu’il est confronté à une série d’enjeux qui entravent la pleine réalisation de son rôle vital dans le processus de développement.  

Parmi ses enjeux, on peut citer la dégradation des infrastructures qui entrave la mobilité des biens et des personnes et les pénuries d’énergies marquées par des perturbations fréquentes qui influencent la productivité des entreprises. Finalement, soulignons que la raréfaction de ressources et de matières premières dues à l’expansion agricole mettant en péril la pérennité les activités économiques et les questions liées à la corruption qui jouent un rôle prépondérant dans la mobilisation et la pérennisation des investissements privés, ainsi que dans l’efficacité des aides et programmes publics au développement. 

Influence des décisions politiques sur les modèles d’affaires durables 

Dans un système où le populisme autoritaire gagne du terrain, les frustrations et les colères de la population constituent les principaux argumentaires. Dans ce contexte, les discussions sur les enjeux environnementaux, économiques et sociaux multiples tels que le changement climatique, la dégradation de la biodiversité, les inégalités sociales sont difficiles voire impossibles. 

Face à ses défis, des réformes doivent être opérées et les entreprises durables se trouvent à la croisée des chemins et incarnent l’espoir d’un développement inclusif et durable. Toutefois pour exploiter leur plein potentiel et catalyseur de changements nécessaires, les entreprises requièrent davantage de soutien et d’engagement de la part du pouvoir public. Il s’agit essentiellement de concevoir et de mettre en œuvre des politiques publiques favorables à l’émergence et au développement des modèles d’affaires durables. 

Selon John. F. Kennedy « le secteur privé est la clé de la prospérité nationale. Mais son rôle ne peut être que celui de l’initiateur. L’impulsion décisive doit venir du gouvernement fédéral ». En effet, l’engagement politique constitue le fondement essentiel pour concrétiser les visions et les objectifs de développement. L’intégration des principes de développement durable au niveau local, national et régional est un impératif pour inspirer et orienter le secteur privé vers des modèles d’affaires plus responsables et durables. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de renforcer l’engagement des autorités gouvernementales, et implique le renforcement des dialogues public privé ainsi que les partenariats multi-acteurs dans l’élaboration des politiques qui façonnent l’avenir des modèles économiques durables. 

Voici quelques une des mesures politiques qui peuvent avoir une influence significative sur les modèles d’affaires durables : 

  • Cadre réglementaire et institutionnel robuste et incitatif  : Poursuivre et renforcer le suivi des impacts négatifs des entreprises sur la société et développer des cadres qui permettent aux entreprises d’adopter progressivement une approche de durabilité. Ces mécanismes visent à établir des normes et des critères de performance à la fois sur le plan social, économique et environnemental. Inciter davantage les entreprises à adopter des pratiques durables et à s’engager dans la recherche et le développement des technologies vertes et durables à travers des mesures incitatives est un atout crucial pour encourager un plus nombre. En effet, ces incitations stimulent l’innovation et la création de nouvelles alternatives environnementales plus durables.   
  • Système de recommandation et de valorisation : la reconnaissance des efforts permet non seulement aux entreprises engagées de valoriser leurs actions auprès de leurs parties prenantes mais aussi d’inciter et d’orienter les choix des consommateurs vers des produits respectueux de l’environnement et des droits de l’homme.
  • Dispositif de sensibilisation et de formation : permet d’accompagner les entreprises  de manière à ce qu’elles contribuent à la préservation de l’environnement et des ressources naturelles et au développement social et économique pour un développement durable. De plus, ces dispositifs permettent de stimuler la prise de conscience de l’ensemble de la population sur les enjeux de Développement Durable et son rôle dans la promotion de pratiques de production responsable. 

En adoptant des politiques de soutien, les pouvoirs publics peuvent conduire des changements nécessaires pour un avenir plus prospère et plus durable.

Le leadership politique au cœur de développement des modèles économiques durables.

Le leadership politique est un élément clé du développement des modèles économiques durables. Cependant, le changement de leadership au niveau du gouvernement tout en étant une opportunité de rabattre les cartes risque également de réduire les efforts précédents en absence de continuité. Une situation qui limite le progrès. Quelques caractéristiques d’un leader qui peut conduire à ces changements de paradigme entrepreneurial dont nous avons tant besoin aujourd’hui : 

  • Vision et leadership : les dirigeants doivent avoir une vision à long terme pour le pays. Une vision claire et inspirante tournée vers un avenir où l’économie est en harmonie avec l’environnement et les hommes. Des leaders capables de communiquer une vision de manière convaincante et d’obtenir le soutien du public. 
  • Éthique et valeurs : l’intégrité, l’efficacité, la solidarité, le dévouement, l’humilité et l’audace et l’agilité représentent des valeurs que les dirigeants doivent posséder ou défendre pour impulser  le changement positif. Car les valeurs guident les actions, notamment dans la prise de décision et l’utilisation des ressources publiques. (Les valeurs du management responsable d’après l’analyse d’entretiens menés auprès des professeurs et professeures du Département de management de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval (FSA ULaval). 
  • Capacité à rallier le peuple à une cause : un leader dispose d’une forte capacité à unir le peuple. L’objectif est de créer des mécanismes de participation du public et d’écouter les préoccupations et les idées du public. En outre, la coopération avec d’autres acteurs politiques, économiques et sociaux est essentielle pour surmonter les obstacles et créer des synergies positives.
  • Diplomatie : Le développement durable est un défi mondial et le soutien de la communauté internationale est aussi important que l’engagement accru de toutes les parties prenantes. Les dirigeants politiques doivent posséder des compétences diplomatiques pour négocier des accords internationaux, travailler avec d’autres pays et influencer les décisions mondiales qui donnent la priorité à la durabilité. 

Responsabilité et pouvoir des électeurs dans la conduite de changement  

A quelques mois des élections, quels rôles pour les citoyens et l’électeur ? Quel leadership avons-nous besoin pour conduire ces changements ? 

Les citoyens sont au cœur du changement politique et social. Elles ont la responsabilité et l’autorité de diriger le changement. La participation active à la vie politique et l’exercice conscient de leur droit par le recours au vote ainsi que la participation active au processus démocratique sont nécessaires et très importants. Les citoyens ont la responsabilité de suivre le processus électoral, en signalant toute irrégularité, et en exprimant leurs opinions. 

Incontournables du système politique, le lobbying, a le pouvoir d’influencer le processus électoral, les décisions politiques. Qu’ils soient en faveur des citoyens ou des entreprises, le lobbying a le pouvoir de façonner notre paysage politique. A quelques semaines du passage aux urnes, nous sommes tous appelés à agir ! La responsabilité au changement est partagée entre nos mains. Ayons le courage d’élire un candidat qui incarne un leadership visionnaire et un sens de l’éthique, ouverts à la diversité d’opinions et disposant de compétences requises et adaptées aux défis complexes de développement. En tant qu’acteurs, il est important que nous prenions conscience de nos rôles et nos responsabilités. Votons consciemment et judicieusement pour un avenir durable.

Paru dans le magazine Politikà.

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